
L’affaire des unités ROPs manquantes sur les cartes graphiques NVIDIA GeForce RTX 5090, 5080 et 5070 Ti continue de faire du bruit. Après plusieurs jours de signalements, NVIDIA a officiellement reconnu le problème, confirmant qu’un petit lot de cartes a été affecté par une anomalie de production entraînant la désactivation involontaire de 8 unités ROPs sur certains modèles.
Ce défaut touche plusieurs fabricants, notamment Zotac, MSI, Gigabyte, Manli, Palit et Inno3D, avec des répercussions directes sur les performances en jeu.
Les ROPs et leur rôle dans le rendu graphique
Les ROPs (Raster Operations Pipelines) sont une partie essentielle de l’architecture d’un GPU. Contrairement aux cœurs CUDA, qui gèrent le traitement des textures, des ombres et de la couleur, les ROPs interviennent en fin de chaîne pour finaliser l’image affichée à l’écran. Ils assurent des opérations cruciales comme :
- Le traitement des pixels et l’écriture en mémoire (frame buffer)
- L’anti-aliasing (lissage des bords pour éviter l’effet d’escalier)
- Le blending et le rendu final des textures
Un nombre réduit de ROPs impacte surtout les performances en 4K et dans les jeux très dépendants du rendu traditionnel, avec des baisses visibles en rastérisation pure. En revanche, les charges de travail axées sur l’IA et le ray tracing sont moins affectées, car elles sollicitent d’autres unités du GPU.
Les modèles de RTX 5090, 5080 et 5070 Ti touchés
Le problème des ROPs désactivés a été découvert grâce à TechPowerUp, qui a utilisé GPU-Z pour analyser différentes cartes en circulation.
Liste des modèles touchés :
- Zotac RTX 5090 Solid
- MSI RTX 5090D (modèle chinois avec performances réduites)
- Gigabyte RTX 5090 Gaming OC
- Palit RTX 5090 JetStream
- Inno3D RTX 5090 X3
- MSI RTX 5070 Ti Gaming Trio OC
- RTX 5080 Founders Edition (premières séries de production uniquement)
Tous ces modèles présentent 168 ROPs au lieu des 176 prévus pour la RTX 5090, 104 au lieu de 112 pour la RTX 5080, et 88 au lieu de 96 pour la RTX 5070 Ti.
Impact sur les performances : une baisse mesurable
Les tests effectués montrent que la perte de performance varie selon le type de charge graphique.
Comparaison des performances sur plusieurs jeux et benchmarks
Test | RTX 5090 FE (176 ROPs) | RTX 5090 Solid (168 ROPs) | Écart |
---|---|---|---|
3DMark Time Spy Extreme | 25 439 pts | 22 621 pts | -11,1 % |
Elden Ring (4K Ultra, sans DLSS) | 100 FPS | 94,4 FPS | -5,6 % |
Cyberpunk 2077 (4K Ultra, RT ON, DLSS OFF) | 84 FPS | 78 FPS | -7,1 % |
Doom Eternal (4K, RT ON) | 142 FPS | 141 FPS | -0,7 % |
Sur un jeu comme Elden Ring, qui repose fortement sur la rastérisation et l’utilisation des ROPs, l’impact est net avec 5,6 % de perte de performances. En revanche, sur Doom Eternal, qui utilise intensément le ray tracing, l’impact est presque nul.
Pourquoi NVIDIA n’a-t-il pas détecté ce problème plus tôt ?
Ce problème de fabrication soulève plusieurs interrogations :
- Pourquoi les tests de validation n’ont-ils pas détecté ces erreurs ?
- Comment NVIDIA peut-il affirmer que seulement 0,5 % des cartes sont affectées ?
- Pourquoi les utilisateurs doivent-ils eux-mêmes identifier leur carte défectueuse avec GPU-Z avant de demander un remplacement ?

En théorie, les partenaires AIB (Add-In Board) comme Zotac ou MSI ne peuvent pas modifier eux-mêmes le nombre de ROPs, car ce paramètre est défini au niveau matériel par NVIDIA. Cela signifie que ces GPU ont quitté les usines NVIDIA avec cette anomalie sans être détectés.
D’après The Verge, NVIDIA aurait découvert cette anomalie après la mise en circulation des premières cartes, ce qui expliquerait pourquoi seules les premières séries de production sont concernées.
Comment vérifier si votre carte est affectée ?
Si vous possédez une RTX 5090, 5080 ou 5070 Ti, il est possible de vérifier immédiatement si elle fait partie des modèles concernés.
- Téléchargez et installez GPU-Z 2.62.0 ou plus récent.
- Lancez le logiciel et observez la section « ROP Count » :
- RTX 5090 normale : 176 ROPs
- RTX 5080 normale : 112 ROPs
- RTX 5070 Ti normale : 96 ROPs
- Si un chiffre inférieur apparaît, votre carte est affectée.
- Si votre carte est concernée, contactez immédiatement le fabricant pour un échange ou un remboursement.
Un correctif BIOS est-il possible ?
Certains problèmes matériels peuvent être corrigés par une mise à jour BIOS, mais dans ce cas précis, la situation est plus complexe.

- Si les ROPs ont été désactivés par erreur dans le BIOS, un simple correctif pourrait suffire à les réactiver.
- Si les ROPs sont désactivés matériellement sur la puce via des fusions de circuits (fuses), il n’existe aucun moyen logiciel pour les réactiver.
NVIDIA n’a pas encore précisé si une mise à jour BIOS serait déployée. Pour l’instant, la seule solution est le remplacement des cartes concernées.
Conclusion : NVIDIA rattrape le coup, mais la confiance est ébranlée
NVIDIA a finalement reconnu l’existence de ce problème, mais la gestion tardive de cette crise pose question. Pour des cartes commercialisées à plus de 1000 €, les consommateurs sont en droit d’attendre un meilleur contrôle qualité.
Même si l’impact reste contenu, il s’agit d’une anomalie qui aurait dû être détectée bien avant la mise en vente des cartes. Désormais, il ne reste qu’à voir si NVIDIA et ses partenaires seront en mesure de proposer un correctif, ou si les clients devront se contenter d’un échange de leur carte graphique.
L’affaire est loin d’être close, et des tests supplémentaires seront indispensables pour évaluer l’ampleur du problème. Par ailleurs, avec le lancement imminent de la RTX 5070 la semaine prochaine, les contrôles seront encore plus rigoureux afin de déterminer si elle est également affectée.