
C’est officiel : Intel remet l’hyperthreading sur le devant de la scène dans le monde des serveurs. Dans une note interne fraîchement dévoilée, le PDG Lip-Bu Tan (陈立武) a reconnu que l’abandon de cette technologie avait fragilisé la position d’Intel face à la concurrence. Résultat : demi-tour stratégique.
Pour remettre les pendules à l’heure, rappelons que l’hyperthreading, aussi appelé SMT (Simultaneous Multithreading), permet à un cœur de processeur de gérer plusieurs threads en parallèle. Autrement dit, on maximise l’utilisation des ressources internes sans forcément doubler les cœurs physiques.
Toutefois, cette déclaration qui peut surprendre, surtout quand on sait que les puces Xeon Granite Rapids destinées à ce marché intègrent déjà le SMT. Alors de quoi parle-t-on exactement ? Retour sur une stratégie qui semble faire marche arrière, ou plutôt prendre une nouvelle direction.
Serveurs : pas d’abandon du SMT sur Granite Rapids
Côté data center, la situation est différente. Les Xeon 6 « Granite Rapids », basés sur des cœurs performance, n’ont jamais abandonné le SMT. En revanche, leurs cousins « Sierra Forest« , axés sur la densité et l’efficience, utilisent des cœurs dérivés de l’architecture Atom, sans SMT par nature.

La déclaration du PDF pourrait donc annoncer deux choses :
- Un retour stratégique au SMT après l’expérience Arrow Lake, qui montre ses limites.
- Une volonté d’étendre le multithreading aux E-cores de Sierra Forest, pour améliorer la compétitivité sur le marché du cloud, où la densité de threads par watt est cruciale.
Arrow Lake : un tournant sans SMT côté grand public
Pour bien comprendre le contexte, il faut regarder du côté d’Arrow Lake, la dérniere génération de CPU desktop Intel. Ces puces marquent un tournant : les cœurs performance (P-cores) y sont dépourvus de SMT, une première depuis longtemps.
Cette décision, motivée par des considérations d’efficacité énergétique, de densité thermique ou encore de sécurité, a été vue comme un pari risqué. Et les premiers retours internes semblent indiquer que cette absence de multithreading pénalise les performances dans certains scénarios.
Une stratégie IA recentrée
Dans le même message interne, Lip-Bu Tan (陈立武) précise que l’effort d’Intel en matière d’intelligence artificielle se concentrera désormais sur l’inférence et les agents intelligents. L’entraînement de grands modèles, domaine dominé par Nvidia, ne semble plus une priorité immédiate. Intel cherche visiblement à se positionner là où il peut proposer une vraie différenciation.
Une méthodologie plus cohérente ?
Cette annonce traduit une prise de conscience : le multithreading reste un levier essentiel de performance, même dans des environnements très optimisés. Après une tentative de simplification sur Arrow Lake, Intel semble vouloir harmoniser sa stratégie, en s’assurant que tous ses CPU — grand public ou professionnels — puissent exploiter le SMT quand cela fait sens.
Conclusion : entre prudence et réajustement
Intel ne fait pas marche arrière, il ajuste sa trajectoire. Le retour du SMT n’est pas une simple restauration technique, c’est une réaffirmation d’un choix d’architecture mûri, notamment après les retours mitigés sur les puces sans multithreading. Une manière pour Intel de montrer qu’il écoute le marché… et qu’il reste dans la course.