
Un deepfake de Chuck Schumer relayé par le compte officiel des Républicains du Sénat remet la modération de X sur la sellette, en pleine crise budgétaire américaine.
Un deepfake politisé qui interroge les règles de X
Vendredi, le compte X du National Republican Senatorial Committee a publié une vidéo synthétique de Schumer le faisant répéter « every day gets better for us ». La phrase existe bel et bien, mais elle est sortie de son contexte: dans l’article original de Punchbowl News, le chef de la minorité démocrate évoquait la stratégie des Démocrates autour de la santé durant le shutdown, tout en rejetant la tactique de menaces et d’« enfumage » prête aux Républicains.
Le shutdown dure depuis 16 jours, sur fond d’impasse entre Démocrates et Républicains concernant le financement de l’État fédéral. Les Démocrates veulent maintenir des crédits d’impôt pour rendre l’assurance santé plus abordable, annuler des coupes dans Medicaid héritées de l’ère Trump et protéger les agences fédérales de santé.
Selon sa politique, X interdit de « partager de manière trompeuse des médias synthétiques ou manipulés susceptibles de causer un préjudice », notamment s’ils induisent en erreur sur des sujets d’intérêt public. Les mesures prévues vont du retrait au déclassement en passant par des avertissements. Or, au moment d’écrire ces lignes, la vidéo n’a ni été retirée ni étiquetée, même si un filigrane mentionne son origine IA.
Ce n’est pas un cas isolé : fin 2024, Elon Musk avait lui-même relayé un clip manipulé visant Kamala Harris, relançant le débat sur la désinformation électorale. Plus récemment, Donald Trump a partagé sur Truth Social des deepfakes de Schumer et d’Hakeem Jeffries au sujet de l’immigration et de la fraude électorale.
l’IA est là pour rester. Adaptez-vous et gagnez, ou accrochez-vous à vos perles et perdez.
A repliqué la directrice de la communication du NRSC, Joanna Rodriguez
Un patchwork légal encore inégal
Jusqu’à 28 États américains ont adopté des lois encadrant les deepfakes politiques, souvent autour des périodes de campagne. La Californie, le Minnesota et le Texas interdisent explicitement les contenus visant à influencer le vote, tromper les électeurs ou nuire aux candidats. La plupart tolèrent toutefois ces contenus en cas de divulgation claire. Reste la zone grise des plateformes, libres d’appliquer – ou pas – leurs propres garde-fous.
Dans ce contexte, la vidéo de Schumer agit comme un test grandeur nature pour X: entre liberté d’expression, transparence sur l’IA générative et risques de confusion du public, la ligne est plus fine que jamais.
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