
Les performances de nos ordinateurs dépendent en grande partie de la mémoire vive (RAM). Alors que tous les regards étaient tournés vers les derniers processeurs et cartes graphiques, des nouvelles technologies mémoire ont fait une percée remarquée lors du Computex 2024 : les formats CUDIMM, CSODIMM, CAMM2 et LPCAMM2 .
Derrière ces noms se cachent de véritables révolutions qui pourraient bien changer la face de nos ordinateurs et appareils mobiles dans les années à venir. Le salon Computex 2024 a donc offert une plateforme idéale pour découvrir ces nouvelles technologies de RAM, dévoilées par différents fabricants de mémoire et de cartes mères.
Dans cet article, nous vous expliquons en détail leur fonctionnement, leurs avantages et leur disponibilité prochaine sur le marché.
CUDIMM et CSODIMM : l’évolution naturelle de la DDR5

La CUDIMM (Clocked Unbuffered DIMM), standardisé par le JEDEC en 2024, est la prochaine génération de barrettes mémoire pour PC de bureau, succédant à l’actuelle UDIMM. Son pendant pour les ordinateurs portables est la CSODIMM (Clocked SO-DIMM). Physiquement, elles restent très proches de leurs prédécesseurs.

La grande nouveauté réside dans l’ajout d’une puce appelée CKD (Clock Driver) directement sur chaque module. Son rôle est de générer un signal d’horloge propre et stable pour la RAM, là où il était auparavant fourni par le contrôleur mémoire du processeur.

Le circuit CKD sert à mettre en forme, amplifier et distribuer le signal d’horloge à l’ensemble des puces mémoire du module. En rapprochant physiquement la source d’horloge de son point d’utilisation, on réduit le bruit, la distorsion et les interférences qui dégradent le signal à haute fréquence.

Grâce à leur architecture innovante, les mémoires CUDIMM et CAMM2 offrent des débits nettement supérieurs à leurs prédécesseurs. C’est tout l’écosystème informatique qui en bénéficie, des jeux vidéo aux applications professionnelles en passant par l’intelligence artificielle. Les premiers modules CUDIMM dévoilés par des fabricants comme Lexar, V-Color, GeIL ou G.Skill promettent ainsi de dépasser les 9000 MT/s.

Pour en savoir plus sur la DDR5 CUDIMM et le rôle du CKD, consultez notre guide complet :
CAMM2 et LPCAMM2 : la révolution venue des portables
Proposé initialement par Dell, le format CAMM (Compression Attached Memory Module) et sa variante basse consommation LPCAMM adoptent une approche plus radicale. Ces modules se présentent sous la forme d’une carte rectangulaire s’insérant horizontalement dans un slot dédié de la carte mère.

Plus compacts, les modules CAMM2 et LPCAMM2 libèrent de l’espace pour d’autres composants. Mieux refroidis car exposés à l’air libre, ils peuvent atteindre des fréquences plus élevées à voltage égal. Le nombre de puces par module n’étant plus limité, les capacités maximales dépassent celles des formats classiques.

Donc en plus d’être performants, ces nouveaux modules sont aussi plus économes. Un atout de taille pour prolonger l’autonomie des appareils mobiles et réduire la facture énergétique des PC de bureau et Workstation. De quoi séduire à la fois les utilisateurs et les entreprises soucieuses de leur impact environnemental.
Si le CAMM2 va s’imposer sur les PC portables haut de gamme, son adoption sur les ordinateurs de bureau reste un défi. Il nécessite une refonte en profondeur de l’architecture des cartes mères et introduit des problèmes de compatibilité avec les systèmes de refroidissement existants.

Convaincus par ces résultats prometteurs, de nombreux fabricants de matériel informatique ont d’ores et déjà annoncé leur intention d’intégrer ces mémoires dans leurs futurs produits. Une tendance qui devrait s’accélérer à mesure que les coûts de production baisseront et que les développeurs s’approprieront ces nouvelles technologies.
Plusieurs fabricants de cartes mères comme ASRock, ASUS ROG ou MSI ont dévoilé au Computex 2024 des prototypes intégrant des slots CAMM2. MSI a même présenté une carte mère Z790 MPower équipée de slots CSODIMM. Mais leur commercialisation à grande échelle dépendra de l’accueil réservé par les utilisateurs.


Disponibilité et compatibilité des nouveaux formats
Les premiers modules CUDIMM et CSODIMM devraient être commercialisés dès septembre 2024, en même temps que les processeurs Intel Arrow Lake (15e génération). Les CAMM2 et LPCAMM2 pourraient suivre d’ici la fin de l’année. Des lancements étalés sur 2025 sont cependant plus probables.
Si la compatibilité des modules CUDIMM avec les cartes mères DDR5 actuelles n’est pas garantie, ils devraient être pleinement supportés par les plateformes Intel LGA1851 (Arrow Lake) et AMD AM5 (Zen 5). Le futur des formats CAMM2 et LPCAMM2 sur desktop est plus incertain au-delà de la phase d’expérimentation.

Intel semble le plus avancé avec un support prévu dès Arrow Lake. AMD pourrait attendre Zen 5 pour implémenter la CUDIMM. Du côté des fabricants de cartes mères, l’adoption des nouveaux formats se fera progressivement, d’abord sur les modèles haut de gamme avant une démocratisation éventuelle.
Quel avenir pour la mémoire vive DDR5 ?
Outre les nouveaux formats, la DDR5 va poursuivre sa montée en fréquence et en densité dans les prochaines années. Des modules de 64 Go et plus cadencés au-delà des 10000 MT/s se profilent à l’horizon 2025-2026, repoussant toujours plus loin les limites de la technologie.
L’augmentation des débits et des capacités mémoire profitera en premier lieu aux applications gourmandes en bande passante comme les jeux vidéo, la création de contenu 4K/8K, l’intelligence artificielle ou encore la virtualisation. Les temps de chargement seront réduits et le multitâche fluidifié.

Si la DDR5 restera le standard grand public, elle devra cohabiter avec d’autres technologies mémoire ultra-rapides comme la HBM3 (High Bandwidth Memory) ou la GDDR7 (Graphics Double Data Rate). Ces dernières restent cependant plus chères et moins flexibles, cantonnées pour l’instant aux supercalculateurs et cartes graphiques haut de gamme.
Conclusion
L’arrivée des formats CUDIMM, CSODIMM, CAMM2 et LPCAMM2 marque un tournant majeur pour la mémoire vive de nos ordinateurs. Grâce à des innovations comme la puce CKD ou la disposition horizontale des modules, ils repoussent les limites de performances et de capacité de la DDR5.
Pour autant, l’adoption de ces nouveaux standards ne se fera pas du jour au lendemain. Une période de transition est à prévoir, avec une cohabitation prolongée des formats. Les utilisateurs devront donc être vigilants dans le choix de leur configuration mémoire pour garantir la compatibilité et la pérennité de leur investissement.
Une chose est sûre : la course à la performance mémoire est loin d’être terminée. Et cela promet encore de belles années à la DDR5, dont nous n’avons pas fini d’entendre parler. Les prochaines générations de modules s’annoncent d’ores et déjà passionnantes, tant pour les joueurs que pour les professionnels exigeants.